Ce n'est pas à proprement parler un livre de plage, mais c'est sans conteste le livre culinaire de l'été du plagiste à marée basse. Celui qu'on ne risque pas de voir traîner sur les nattes huileuses et ensablées des vacanciers enduits de crème solaire, dont la principale activité estivale consiste à déplacer sa serviette sur la plage au gré des marées, un coup vers le haut, un coup vers le bas. On devrait néanmoins le retrouver dans toutes les poches des chasseurs/cueilleurs/pêcheurs qui arpentent les littoraux de France et de Navarre lorsque la mer se retire, tel un adepte du coïtus interruptus un soir propice à l'éclosion mensuelle des œufs de sa partenaire. Un bouquin qui permet de prendre de la hauteur quand la lune joue à l'attraction. Ce livre est un concentré de cuisine de la mer, celle de l'estran et de ses habitants, ceux qu'on y pêche à pied. Je te pêche, je te cuisine, je te mange, vaste programme, complet, qui me plaît. Ce livre est aussi un concentré de
Cuisine de la Mer, qui est aussi la cuisine du père. Le père Cadour, Patrick de son prénom, qui me pardonnera volontiers cette familiarité, surtout s'il s'agit de faire un bon mot, aussi usé soit-il, comme il les affectionne lui-même. Son blog,
Cuisine de la Mer, est une véritable bible, une mine d'informations que je consulte à chaque fois que je dois essayer de me tirer d'un mauvais pas avec un animal à pinces, à coquille, à carapace, à arêtes, à tentacules. Comment veux-tu que j'arrive à m'en dépêtrer tout seul, sans mode d'emploi, comment veux-tu? Cette déclinaison papier de CdM, qui passe en revue les différentes espèces que l'on pourra croiser à marée basse cet été, tombe à pic avant les grandes migrations vers l'océan. Une espèce, son histoire, sa vie, son œuvre, des astuces et des conseils pour pêcher intelligent, des recettes, souvent simples, pour privilégier le goût du produit de sa pêche, de l'humour aussi, passionnément, tout cela contribue à rendre cet ouvrage littoralement indispensable. Tellement bien qu'il ne faut pas hésiter à l'emporter à la montagne, pour un double dépaysement. Les travaux pratiques pourront toujours attendre la rentrée. OLIF