L’artiste franco-belge
Gala Colette a sélectionné le meilleur de l’émission « La Cuisine des mousquetaires » et retranscrit les échanges fantasques entre ses deux animatrices. De leur rencontre face caméra naîtront plusieurs centaines d’épisodes (de 25 minutes environ) étalés sur 14 saisons. De leurs nombreuses recettes filmées en studio émanent une ambiance familière, un charme désuet et cette façon si communicative de transmettre la gourmandise. Derrière elles, Maïté et Micheline Banzet-Lawton ont également laissé quantité de dialogues et de commentaires – tantôt laconiques ou imagés ; souvent drôles et complètement alambiqués. Une mine d’or. Fascinée par les deux personnages, Gala Colette a sélectionné douze épisodes de « La Cuisine des mousquetaires », et s’est appliquée à en retranscrire les échanges. Lesquels nous parviennent comme une succession de petites nouvelles en prose. L’autrice fait ainsi revivre la recette (si étrange) de la terrine de ragondin ou celles (tout aussi folkloriques) du steak d’autruche et de la fricassée d’escargots.
« La Cuisine des mousquetaires » revient… sans Maïté et sans gras. On se délecte des échanges fleuris entre Maïté et Micheline (« Vous n’allez quand même pas me demander de coucher ces belles roses sur du poisson ? ») ; de leurs envolées frisant le lyrisme (« On va faire des soupes froides, pour les journées chaudes ») ; et de toutes ces petites piques hilarantes qu’elles s’envoient entre deux tours de moulin à poivre (« Maïté, alors je suis surprise, là. Le porte-monnaie était plat, ou bien vous n’aviez pas d’imagination ? »).
Le mot de la fin, équivoque, revient à Micheline : « Bon courage pour en faire autant. »
La touche graphique, le cahier central et sa vingtaine de visuels, tous extraits de « La Cuisine des mousquetaires ».
La phrase culte, « Maïté, avec toutes ces belles choses, que fait-on aujourd’hui ? Un clambake ? Vous parlez anglais maintenant ? Oui, je fais des progrès, je m’instruis. »
La recette star, celle des filets de truite saumonée, au beurre de rose citronné.
Léo Bourdin –
M Le Monde, 06 mai 2023
Ça ne gâche rien, de Gala Colette, Editions de l’Epure, 128 p., 24 €.