Voilà ce que ce livre - puisqu’il s’agit d’un livre - a de rafraîchissant. On en a bien besoin, parfois, spécialement lorsqu’on est un peu fatigué par les procureurs du vin, qui vont vous soûler, ou les plaideurs de bouquins sur le vin aussi, qui vous donnent la gueule de bois. Et moi, je vous ai emmené un antidote, au prix d’un médicament générique finalement : ça coûte 12 euros, aux Editions de l’Epure. Ça s’appelle
Trente nuances de gros rouge. Evidemment, c’est une fine allusion à un best-seller qui est paru récemment…
Sauf que l’auteur,
Philippe Quesnot, il liste, enfin, il romance presque ses exploits en matière de vidage de quilles, donc de bouteilles, et que notre ami trouve dans chaque micro-événement du quotidien un bon prétexte pour rentrer en phase liquide. Avec des rosés, des blancs, des rouges... Alors, on comprend assez rapidement, dès les premières pages, que, en la matière de vin, notre ami n’est pas raciste. Il donne un petit peu dans toutes les couleurs et ça donne, en fait, des joyeuses embardées avec ses copains de boisson et des vignerons de talent. Alors évidemment, ça n’est pas écrit uniquement qu’au subjonctif de l’imparfait, pour autant ce bouquin arrive à se tenir toujours au large de la simple soûlographie grâce au talent de l’auteur, qui essore les mots, qui impose des liftings aux expressions du quotidien qui sont toutes faites. Et ce bouquin, il me fait penser un peu à un livre que j’ai évoqué ici il y a quelques années, qui est
Les Tribulations d’un amateur de vin de Jacques Néauport, qui est un unificateur déambulant à l’esprit et à la plume, vraiment en liberté. Il y a quand même une différence, c’est que Jacques Néauport avait vocation à remplir les bouteilles quand
Philippe Quesnot prend sur son temps de sommeil pour les vider.
En tout cas, chaque nouvelle est quand même ponctuée - des textes courts, il y en a une trentaine -, d’une liste de liquide pour une reconstitution à domicile et ça donne lieu à un casting liquide assez rigolo.
Ça se boit comme du petit lait, ça vaut 12 euros, et sincèrement c’est pas cher du litre, pour un livre à qui on ne demande rien et qui en retour nous donne énormément.
Trente nuances de gros rouge, aux Editons de l’Epure
Chronique de Dominique Hutin
France Inter, 'On va déguster' du 7 juin 2015
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Trente nuances de gros rouge
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