Son
Histoire naturelle et moral de la nourriture (Bordas 1987), palpitante somme de plus de 500 pages qui aborde les aliments sous leurs aspects historiques et symboliques dans une pensée libre et généreuse, se dévore encore comme une saga estivale, riche en petites histoires expliquant la grande. Sans doute cette femme du Sud au prénom languedocien ne pouvait-elle qu’écrire : père romancier, mère traductrice et écrivain, arrière grand-père fondateur d’un journal, elle aimait autant les mots que les goûts. Auteure de livres pour enfants et de romans policiers, son obsession culinaire la rattrapa dans les années 1970 : « J’ai eu tellement faim pendant la guerre que j’ai fini par aimer la nourriture plus que le besoin de se nourrir. » Boulimique de savoirs et de savoir-faire, sa riche bibliographique recèle plusieurs ouvrages sur les cuisines du monde, notamment africaine, et sur des sujets liés aux femmes, comme la cuisine bourgeoise ou la pâtisserie. Sa bien-nommée
Très belle et très exquise histoire des gâteaux et des friandises (Flammarion, 2004) soulignait l’importance du rôle des femmes dans la création culinaire, développée dans son ultime ouvrage
Le sexe des gâteaux (L’Épure, 2015). « Elle était un délice, espiègle et pleine d’humour” : pour Sabine Bucquet-Grenet, sa dernière éditrice, elle planchait encore sur un opus consacrée au petit déjeuner. Maguelonne Toussaint-Samat est disparue le 4 juin, à 91 ans. ?
Estérelle Payany –
Télérama 14-06-18