Attention, dangereux récidivistes ! Pour la réédition de “Des tripes et des lettres”, le chef
Yves Camdeborde et l’écrivain
Sébastien Lapaque persistent et signent : ils ont ajouté aux huit recettes et pastiches de la première édition parue en 2007 sept nouvelles variations. Et étendu le domaine des tripes à la mer, ce qui nous vaut un ragoût de laitance de carpes ainsi que des toasts de pain grillé au foie de lotte. Autre nouveauté : les 14 recettes sont magnifiquement illustrées par
Michel Tolmer.
Pour le reste, fidèles à eux-mêmes et à leur amitié, les deux compères continuent sur leur lancée : la provocation, qui fraye parfois avec le canular. Un exemple ? Les yeux de veau farcis, blettes et truffes. Plat traité “à la mode de George Orwell”, évidemment, Big Brother oblige. Plus convenue, moins immangeable, la sanguette nous livre ces quelques lignes savoureuses de BHL… ou presque : “Du sang, de la volupté et de la mort. Rien de nouveau sous le soleil de l’idéologie française.”
“BHL est dans le pastiche permanent de lui-même. On pourrait presque lire ses textes au troisième degré, explique Sébastien Lapaque. Mais l’ironie n’empêche pas l’hommage. Le pastiche exige une longue fréquentation des auteurs choisis. Il faut que leur œuvre, leur matière soit intégrée sinon il y a risque d’étouffement, d’indigestion.”
Indigestion peut-être pas, mais ivresse très certainement, surtout du côté de chez James Joyce où le gratin de moelle, cardons au parmesan produit cette jouissive logorrhée : “Le drapeau noir flottait sur la mare-mythe où cuisaient les pétioles de cardons, blouc, blouc, blouc, blouc… Car donc ? Nein ! Gemüse Artischocke oder Spanische Artischocke. Ni cardo spinoso no cardocelle. Cardon.”
Et pour finir, une devinette : en guise d’hommage, l’auteur a glissé dans trois de ses pastiches des jeux de mots sur les prénom et nom de son ami restaurateur. Question pour un lecteur : sauras-tu les trouver, ô perspicace ami des tropes et des lettres ?
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Des tripes et des lettres